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En bref

Le sale coup de Cavanna

Cavanna n’est plus là depuis ce mercredi 29 janvier. Comme un membre de la famille qui disparait , c’est con de le dire comme ça mais pas d’autres mots pour l’exprimer. Quand j’ai lu « les Ritals » et les « Russkofs », j’ai eu la même émotion littéraire que lorsque j’ai découvert « Le voyage au bout de la nuit de Céline ». La comparaison s’arrête là car ce grand fêlé de Louis-Ferdinand avait fini sa vie perclus de haines rancies et asocial. Tout le contraire de notre François Cavanna qui, comme le dit, Denis Robert: « Il n’y avait pas un gramme de haine en lui » .  Il entrera dans le vrai Panthéon, celui virtuel des vigies de notre siècle, capables de distiller leur talent de plume, leur compréhension aigüe de notre société et leur humanité. Très peu d’homme parviennent comme lui, à allier les trois. Un documentaire initié et réalisé par Denis Robert  était en préparation. Je reçois à l’instant ce message de Denis Robert auquel je ne peux rien ajouter:

« Adieu François

C’est un sale coup. Je viens d’apprendre la mort de Cavanna au moment où nous faisions partir les premiers envois postaux pour le film. Je suis très triste. Un peu en colère aussi en repensant à tous ces cons qui l’avaient lâché et qui vont pleurer maintenant. On fera le film évidemment. Ce sera un beau film. Enfin, j’espère. Cavanna aimait l’idée que ce projet existe. Je le tenais au courant de nos avancements de vos lettres et mails. On venait de résoudre l’équation impossible du filmage. On devait filmer son réapprentissage de la marche. Pour Cavanna c’était très important de se tenir debout, de marcher. Il ne supportait pas l’idée du fauteuil ou du déambulateur. Il est mort d’épuisement hier vers 21h30. Des complications pulmonaires après son opération du fémur. Il ne mangeait plus depuis une semaine, avait du mal à respirer. Il a pu dire au revoir à Tita, à ses enfants et la ptite Virginie. Il était soulagé de partir. La veille, après avoir jeûné une semaine, il avait demandé de la bière et du saucisson. Il a mangé ça rageusement et en souriant. Ça va. Il a eu une belle vie. Je ne suis pas très bon ici pour lui rendre hommage. C’était un homme bon et supérieurement intelligent. Très drôle évidemment. La raison du film est qu’on ne l’oublie pas et que les gens comprennent que Cavanna a sans doute été celui qui a le plus apporté à l’idée de liberté et de liberté d’expression dans ce pays. Plus que tous, plus que n’importe quel autre écrivain, pamphlétaire, ministres, philosophes… Plus important que tous les penseurs, journalistes, humoristes qui veulent faire « bête et méchant ». Il n’y avait pas un gramme de haine en lui. Jamais. J’écris ça vite. Le film s’appellera « jusqu’à l’ultime seconde j’écrirai ». Et c’est ce qui s’est passé. Il grattait la semaine dernière des petits mots que Virginie déchiffrait. J’aime bien l’image de Cavanna sifflant une dernière bière avant de partir. Voilà la dernière photo prise de lui with mon Iphone. C’était juste avant la première attaque du fémur. Bon pied bon oeil François. Bonne bise à tous. Denis   » 

Cavanna: une écriture majeure du XX ème siècle

Cavanna: une écriture majeure du XX ème siècle

Cavanna « Le désespoir n’est pas triste. L’espoir est un mythe, une religion. Je vis au présent, je suis heureux.  » et encore:  » On est pessimiste , ou con. Il n’y a pas d’entre deux »

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Un bon  documentaire de la RTBF ( 50′) sur le YouTube russe:

À propos de Serge Escalé

Rédacteur. En veille sur l'économie, le social, l'usage et implications des technologies, le numérique.

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