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Social

Rétablir la réalité: l’Etat économise 5,4 Milliards sur le RSA

Au soir du 31 décembre 2013, François Hollande s’était fixé comme objectif de faire « des économies partout où elles sont possibles », en s’attaquant notamment aux « excès et abus » relatifs aux prestations sociales. De son côté la chaîne D8 en mal d’audience, diffusait en janvier une émission stigmatisant la fraude sociale ( aide au logement, RSA, allocations familiales, etc.). C’est ainsi que se construit peu à peu, l’image phantasmée du citoyen malhonnête mettant à mal le système de protection sociale français, trop généreux. Dans mon billet sur cette émission , je soulignais combien cette fausse vision ignorait sciemment le fait que cette fraude était un acte de survie alors que la fraude fiscale ne fait qu’enrichir des nantis.

Mais il y a pire , passer sous silence le fait que  5,4 milliards de droits sociaux (RSA activité et RSA socle)  ne sont pas utilisés par les bénéficiaires potentiels qui l’ignorent ou trouvent trop complexe la constitution d’un dossier. D’où viennent ces chiffres ? Du copieux rapport national d’évaluation du RSA daté de décembre 2011 et rédigé par le très officiel comité d’évaluation mandaté par le gouvernement précédent.Comme l’article 32 de la loi n° 2008-1249 du 1erdécembre 2008  le prescrit, ce comité d’évaluation remet chaque année son rapport au Gouvernement et au Parlement . De la lecture de ces 150 pages, il ressort que 35 % des personnes éligibles au RSA socle n’y ont pas recours – cette partie du RSA correspond à l’ancien RMI, elle permet d’atteindre le montant forfaitaire qui dépend de la composition du foyer. Concernant la RSA activité, lié aux revenus d’activité du foyer, et qui complète un emploi partiel peu rémunéré,  le taux de non-recours estimé est de 68 %. C’est un chiffre qui se passe de commentaires.

La fraude au RSA comparée à l’évasion et à la fraude fiscale
Les chiffres qui suivent sont éloquents et devraient inciter politiques et médias à rétablir les termes d’un débat honnête et scrupuleux.

D’un côté, il y a 44 millions de fraude au RSA (chiffres de 2012) , de l’autre 60 à 80 milliards de fraude et d’évasion fiscale selon cet article de Mediapart

Inutile de prendre une calculette pour constater la disparité énorme entre les deux types de fraude. Entretenir la vision populiste et malhonnête d’une France pillée par ses pauvres et implicitement ses immigrés à cause de la fraude sociale ne répond à aucun argument objectif et rationnel. En période de crise morale et économique et dans une société en perte continue de repères, ce type de stigmatisations sans fondements, fait le lit de réactions haineuses comme celle du dimanche 26 janvier.

Plus de détails dans le blog  « Les décodeurs »  du Monde  qui vérifie et confirme les affirmations le 23 janvier à France Inter de François Chérèque, au sujet de la non-utilisation du RSA.

À propos de Serge Escalé

Rédacteur. En veille sur l'économie, le social, l'usage et implications des technologies, le numérique.

Discussion

9 réflexions sur “Rétablir la réalité: l’Etat économise 5,4 Milliards sur le RSA

  1. « le fait que cette fraude était un acte de survie alors que la fraude fiscale ne fait qu’enrichir des nantis. »

    Voila une vision bien de gauche, celle qui voudrait que les délits commis par les « pauvres » seraient automatiquement excusés de part la nature même du délinquant.

    L’un (le « pauvre ») vole la collectivité en bénéficiant du fruit du travail des autres, il agit comme un parasite. Il ne produit rien, ne sert en rien la société, juste il la ponctionne.

    L’autre, le « nanti », lutte pour que le fruit de son propre travail lui revienne et ne pas en être dépossédé. c’est aussi un acte de survie, de survie économique. Sans lui, sans eux, la société serait morte. La société doit donc le protéger lui.

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    Publié par Quidonc | janvier 30, 2014, 8:47
  2. Il serait trop long de décrire le processus par lequel une frange de la société se retrouve exclue. Je pose qu’une société doit reconnaitre dans son humanité, chaque individu. Il n’existe pas, ex-nihilo, de « fruit de son propre travail » comme vous l’écrivez. Que serait Amazon sans le travail mal payé, déshumanisé de tous ses employés ? Que deviendrait le modèle économique d’Apple sans les conditions indigne du sous-traitant chinois Foxconn ?
    Peut-on justifier, l’acte profondément antisocial des 80 milliards de fraude fiscale soustraits au budget public français ?
    Surtout, au delà d’une analyse de droite ou de gauche de la société, il faut s’interroger sur l’évolution très rapide de tous les repères sous l’influence majeure de la science et du système technicien. Un autre débat à ouvrir qui n’appelle pas au retour de la lampe à huile mais demande à être analysé avec recul, hors d’un clivage politique.

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    Publié par Serge Escalé | janvier 30, 2014, 10:41
  3. vouloir « reconnaitre dans leur humanité, chaque individu. » est un point de vue égalitariste.

    Chacun ayant une « humanité », objet flou et insaisissable, on ne pourrait évaluer les uns et les autres et chacun serait alors l’égal de l’autre.

    Pourtant ce n’est pas le cas, certaines personnes apportent beaucoup à la société. D’autres la pille. Doit-on les mettre dos à dos pour cause d’humanité ?

    Le « fruit de son travail » n’est pas un objet abstrait. Vous travaillez, vous produisez de l’utile, cela donne une valeur a votre action, et cette valeur se transforme en argent, utilisable pour payer d’autres services, d’autres biens.

    Amazon et Apple font travailler ceux qui le veulent, et ceux qui y travaillent pèsent le pour et le contre et au final, vont travailler. Ces deux sociétés sont parfaitement intègres. Néanmoins je pensais plutôt aux millions d’ouvriers, de salariés, de fonctionnaires, d’artisans, d’auteurs et de créateurs qui travaillent et ne veulent pas êtres dépossédé du produit de leurs efforts.

    La fraude fiscale est proportionnelle à sa pression, ce qui me semble cohérent avec l’ensemble des théories économiques (et même de la thermodynamique). Vous devriez plutôt vous interroger sur la notion d’impôt confiscatoire, sur la démagogie et la corruption de gouvernements qui, en installant des millions de fonctionnaires ne font en réalité qu’acheter des voix.

    un URL qui vous montre le lien entre le QI, déterministe à 80% et réussite sociale de l’individu.

    http://centpapiers.com/?p=159010

    Que pensez des politiques sociales favorisant les « pauvres » au regard de l’avenir de la société ?

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    Publié par Quidonc | janvier 30, 2014, 1:09
  4. Lé réussite sociale serait donc liée principalement au QI et non au déterminisme et à la reproduction sociale en contradiction avec la majorité des études sociologiques voir ici > http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9terminisme_social . A l’heure ou en France, l’ascenseur social est en panne cette affirmation est une provocation dénuée de fondement et basée sur des théories fumeuses et très contestées comme celle de Richard Herrnstein and Charles A. Murray dans le livre « The bell curve ». Les inégalités se situent aujourd’hui à un niveau exceptionnel, http://www.inegalites.fr/spip.php?page=analyse&id_article=1374&id_rubrique=110&id_mot=15&id_groupe=20 sans, bien entendu, que cette augmentation des inégalités ait un quelconque rapport avec le QI des individus. Le QI est un indicateur à manier avec grandes précautions, surtout, lorsqu’on en tire des conclusions aussi contestables que « pauvre ou noir = faible QI » Il existe une reproduction sociale, bien restituée par le proverbe anglais « Les pommes ne tombent pas à côté du pommier ».

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    Publié par Serge Escalé | janvier 31, 2014, 6:25
    • Rappelons que le QI est la mesure de psychologie la plus stable dans le temps pour un individu. C’est ce critère qui est retenu, par exemple, pour l’application de la peine de mort aux USA. En deçà d’une certaine valeur le condamné devient inexécutable.

      Un fait récent, est survenue il y a quelques années. Un condamné à mort au QI trop bas pour voir sa peine exécuté, a refait le QI et, diabolique surprise, son score a progressé. Ce fait est tellement rare qu’il a plongé une partie de l’administration Américaine dans un profond embarras. Le QI, ce n’est pas une prédiction astrologique, ou une étude sociale, c’est quelque chose de béton et de reproductible systématiquement.

      Des études, dont vous avez une copie du résumé en suivant l’URL, ont montrées la corrélation mathématique entre QI et réussite sociale. C’est scientifique, c’est reproductible.

      De même, l’on démontre aisément le rôle du QI dans l’incarcération: plus le QI est bas, plus l’intéressé a une probabilité de se faire condamné lourdement.

      De même, l’on démontre aisément le rôle du QI dans le fait de poursuivre des études supérieures. Il est un fait statistiquement reconnu que les individus ayant un meilleur diplôme obtienne aussi un meilleur salaire, de meilleurs revenues.

      Résumons:
      fort QI -> fort diplôme -> forts salaire
      faible QI -> faible diplôme -> faible salaire (voir même prison d’après les statistiques).

      > »cette affirmation est une provocation dénuée de fondement »
      j’ai bien peur qu’au contraire, cette affirmation n’est pas du tout dénuée de fondement.

      > « Les inégalités se situent aujourd’hui à un niveau exceptionnel, entendu, aucun rapport avec le QI des individus. »

      Je vous ai apporté une démonstration statistique de ce que j’avance (corroborée par le bon sens, enfin, un bon qi implique de bons diplômes qui implique de bons salaires !), j’attends que vous me démontriez que les « inégalités » ne seraient pas liées au QI.

      Vous pouvez combattre cette idée, vous pouvez combattre la science tout entière si vous voulez, mais à mon avis il faudrait d’autres liens qu’un « wiki » parlant du social pour être convainquant.

      Il va sans dire que la gauche adore mettre tout le paquet sur le social, sans jamais l’appuyer par la moindre étude scientifique. Cet obscurantisme est regrettable, il explique à lui tout seul l’éternel échec des politiques de gauche, à commencer par celui que connait le gouvernement aujourd’hui.

      Enfin le déterminisme sociale, ce n’est pas limité à la réussite sociale et le lien que vous présentez ne combat pas le rôle du QI non plus, ca me semble même plutôt hors sujet.

      je vous invite a lire l’étude de Sébastian Roché, sociologue et chercheur au CNRS et Secrétaire général de la société européenne de criminologie. Peu suspect d’être un suppôt de l’extrême droite, il démontre que parmi les causes d’une incarcération, de nombreux sont biologiques comme le sexe masculin, ou leur origine.

      http://www.fnb.to/FNB/Article/Bastion_61/Jeunes.htm

      d’ailleurs presque tout ce qui est écrit est l’antithèse parfaite de ce que l’on entend sur les médias mainstream concernant la délinquance.

      ex:
      L’idée selon laquelle les délinquants seraient des victimes de la société est une idée perverse et inexacte. C’est oublier que certains éprouvent de la jouissance à commettre des délits, à prendre des risques, à s’imposer et démontrer leur force. Il faut renoncer à la thèse marxiste selon laquelle le délinquant de rue serait, en fait, un révolutionnaire : cette thèse n’a aucun fondement autre qu’idéologique.

      Les programmes de prévention sociale sont tellement vastes et flous que l’on ne peut, et on ne veut, en mesurer l’efficacité. De plus, la prévention n’a aucun sens, si elle n’est pas ciblée sur des groupes donnés ou des faits précis. Or, les pouvoirs publics tendent à mélanger animation, insertion et limitation des délits, sans aucun objectif défini.

      ou plus loin:

      Il est frappant de constater que les cambriolages chauds (en présence des habitants) sont beaucoup plus rares dans les pays où la détention d’armes est courante (USA). De plus, les cibles protégées et défendues sont moins souvent la cible des délinquants : ceux-ci adaptent leur comportement aux risques. Plus une cible est aisée, accessible et vulnérable, plus elle attire la délinquance[1]. Et curieusement, plus il y a de cibles vulnérables, plus on assiste à de la violence et des homicides !

      ca change du discours marxiste sur la responsabilité de la société, n’est-ce pas ?

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      Publié par Quidonc | janvier 31, 2014, 7:26
  5. Ce commentaire sort de l’angle de mon billet qui traite des sommes non distribuées par l’Etat au titre du RSA selon le rapport officiel du comité national d’évaluation de 2011.
    Je n’apporterai donc aucune réponse sur les thèmes controversés que vous soulevez et que je ne partage pas. Ils entrent dans la cadre d’une autre discussion sur un thème critique. http://blogs.mediapart.fr/blog/thomas-heams/220708/usages-raciaux-de-la-genetique-importante-declaration. Pour info, je ne censure rien par principe sur Humeurs Numériques, sauf propos injurieux.

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    Publié par Serge Escalé | février 1, 2014, 1:47
  6. Le billet que vous avez écrit c’est aussi : « Entretenir la vision populiste et malhonnête d’une France pillée par ses pauvres et implicitement ses immigrés à cause de la fraude sociale ne répond à aucun argument objectif et rationnel. ».

    Il me semble donc bien participer au débat en rappelant un certain nombre de vérité scientifique. Ajoutons justement a cela, que le coût d’une population immigrée (dont nous savons que sa grande majorité ne pourra jamais s’intégrer) ne se limite pas au RSA.

    L’affaire de la famille de Léonarda nous a montrée que cette famille nous à couté au total 107 013 euros par an aux contribuables, soit un coût global de 594 697 euros. Ce n’est pas du pillage ça ?

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    Publié par Quidonc | février 3, 2014, 4:22

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