Replay, Youtube, Mobile: Free doit revoir sa copie

Chez Free, le scénario est toujours le même. Quand un service gratuit et inédit est proposé par l’entreprise de Xavier Niel, la médiasphère  s’extasie devant cette nouveauté audacieuse: « Comment n’y a t-on pas pensé avant ? ». La suite est  souvent moins glorieuse avec une qualité qui baisse à proportion du succès rencontré. En quelque sorte, Free a du mal à satisfaire les besoins qu’il a crée, victime de l’affluence.  A la clé, beaucoup de frustrations et de déceptions de ses abonnés. Examinons, 3 exemples emblématiques actuels.

• Le replay ( ou Catch-up). Ce service permet de revoir des émissions et documentaires jusqu’à 7 jours après leur diffusion est d’une qualité de plus en plus médiocre. Zébrures de couleur, gels d’images et du son, impossibilité de naviguer dans le programme, écran noir et impossibilité de se connecter, tout ceci empêche d’en profiter pleinement. Le comble reste que ce service à la qualité bancale est payant via un Pass prioritaire pour nombre de programmes entre 19H et 22H . La raison de cette qualité médiocre ? Le replay est très gourmand en bande passante et l’afflux constant de nouveaux adeptes de cette télévision de rattrapage ne peut plus être satisfait dans de bonnes conditions de visualisation. Free ne souhaite pas mettre la main à la poche pour augmenter  le débit nécessaire.

• YouTube. Voir les vidéos YouTube sur son téléviseur ( avec la Freebox Revolution), un service bien adapté à la taille d’un grand écran pour accéder aux millions de vidéos disponibles sur YouTube. Au départ, tout se passait à peu près convenablement. Mais les choses ce sont là aussi bien gâtées. Les images sont saccadées et les rechargements très fréquents à cause d’une bande passante trop faible. Là aussi, Free refuse de payer à Google (propriétaire de YouTube) le prix de nouvelles capacités pour faire face à la forte demande de ses abonnés.
• Le mobile Free. Côté mobile, le reportage impartial de France 2 sur les problèmes de débit insuffisant des abonnés Free sur les antennes Orange, a montré que la cause de ce problème est la même que pour le Replay ou YouTube. L’un des patrons d’Orange, qui loue son réseau à Free pour la coquette somme de 700 millions d’euro,  a affirmé qu’il suffisait à Free de payer pour obtenir de nouvelles capacités.

Détenteur d’un portefeuille de dizaines de millions d’abonnés pour les offres Internet et mobile, Free flirte sciemment avec les limites d’une qualité acceptable pour les consommateurs en mettant en avant les prix les plus bas du marché.
Appelons cela cynisme ou une très bonne intuition des règles du business …

( Mise à jour décembre 2020 )

Depuis la rédaction de ce billet, le débit de Youtube sur Free est meilleur, l’opérateur ayant renégocié avec le géant de l’hébergement des contenus vidéo. En revanche, le réseau mobile Free n’est  pas des plus performants dans les transports, sur les axes ferroviaires. Au lieu de mutualiser complètement leur réseaux mobile, chaque opérateur a développé le sien. Aberration de l’économie de marché  ou chacun tire la couverture à soi au lieu de mettre en commun des ressources numériques.